On entend parfois cette expression: «il ne faut pas juger»
Dit ainsi, est-ce en accord avec les Ecritures ?
On ne peut répondre aussi catégoriquement à cette question, il faut être très précis quand on aborde ce sujet.
Pour conforter cette pensée certains citent, par exemple Luc 6/37: “ne jugez point et vous ne serez point jugés” agrémenté de Matthieu 7/2: “car on vous jugera du jugement dont vous jugez … ”
Mais Matthieu montre par les versets qui suivent une nuance importante: celle que nous ne devons pas juger quelqu’un sur une chose ( une paille), alors que chez soi , il y a d’autres choses condamnables plus importantes ! (une poutre).
A chacun donc de se juger soi même d’abord et, ainsi, dira l’apôtre, il pourra juger, régler le problême de la poutre chez le prochain !
Paul ajoutera dans la même pensée que juger quelqu’un alors que l’on fait les mêmes choses condamnables est méprisable (Romains 2 /1 à 3).
MAIS, attention il faut juger, mais que faut-il juger ?
Le MAL sous toutes ses formes, et quand je dis MAL, tout ce que Dieu appèle mal !
Que ce soit en nous d’abord, ensuite dans notre proche entourage (famille, église) et finalement dans le monde qui nous entoure.
Dans l’Ancien Testament, comme dans le Nouveau, ordre est donné aux enfants de Dieu et au peuple de Dieu de juger le MAL!
Nous verrons, d’ailleurs, que c’est parce qu’il n’y a pas eu jugement du mal que bien des
hommes, un peuple, Israël et des églises ont été très sévérement repris, châtiés par
le Seigneur !
Jésus ne dira t-il pas dans Jean 7/24: “ne jugez pas selon l’apparence mais jugez selon la justice”
Il faut donc bien juger !
Même jusque dans les dons spirituels dira Paul dans la première aux Corinthiens chapitre 14 et verset 29 : “pour ce qui est des prophètes , que deux ou trois parlent et que les autres jugent”
OUI, il faut donc juger l’erreur, le mal, MAIS non pour condamner car seul le Seigneur a le droit , l’autorité et toute la sagesse pour le faire (ce que faisaient , pourtant , les pharisiens).
Nous devons amener le « prévenu » à réaliser sa situation, à la confesser, à la délaisser et ainsi à en être délivré, à l’image de Jésus qui n’est pas venu pour condamner le pécheur mais pour le sauver !
C’est le mal dans le pécheur qui doit être impitoyablement condamné !
Quand Jésus dit dans Luc 6/37: “ne jugez pas et vous ne serez pas jugés” , il ajoute aussitôt :” ne condamnez point”. Ce genre de jugement qui condamne est interdit !
Ce qu’il faut condamner, c’est ce que Paul rappèle aux éphésiens dans Ephésiens 5/10 à 13: “ne prenez pas part aux œuvres infructueuses des ténébres mais plutôt condamnez les !”.
Juger pour séparer le mal du bien selon Dieu, pour séparer l’ivraie du bon grain, l’erreur de la Vérité de Dieu ….. Paul dira même: “l’homme spirituel juge de TOUT” !( 1 Corinthiens 2/15 ).
L’apôtre sera d’ailleurs étonné de cette église à laquelle il dira: “si c’est par vous que le monde est jugé, êtes vous indignes de rendre les moindres jugements ? nous ne jugerions pas les choses de cette vie ?….. ” ( 1 Corinthiens 6/2 à 4 ).
Pour résumer il faut donc impérativement juger mais:
1)selon la justice de Dieu (Deutéronome 1/16 )
2) avec droiture de cœur ( Psaumes 58/2 )
3) non selon les apparences ( 1 Samuel 16/7 , Jean 7 /24 )
4) non selon la chair (Jean 8/15 )
5) selon la Vérité et en vue de la paix ( Zacharie 8/16 ); (non pour avoir la paix).
Quelques exemples...
ELI LE SACRIFICATEUR ( 1 Samuel chapitres 2 à 4 )
Eli, un homme qui savait comment ses fils, Hophni et Phinées, se comportaient…..
détournement quant à la viande apportée pour les sacrifices (ch 2 /12 à 17 ), fornication (ch 2 / 22 ), d’ailleurs le texte mentionne qu’ils étaient des hommes pervers (ch 2/12 ).
Certes, Eli leur a fait des remontrances ( ch 2 / 22 à 25 ) , mais c’est tout , il n’y a eu aucune condamnation publique, aucune sanction appliquée par Eli; aussi devant ce laxisme, cette tolérance quant au mal (certainement parce qu’il s’agissait de ses fils), Dieu sera obligé d’intervenir. Il lui dira: “d’où vient que tu honores tes fils plus que moi ?” (ch 2 /29 ).
Dieu dira à Samuel : “il a eu connaissance de leurs crimes , et il ne les a pas réprimés” (ch 3 / 13 ).
Nous connaissons les suites dramatiques … les deux fils d’ Eli seront tués par les philistins et lui-même, à cette nouvelle, mourra subitement !
Attention, donc, lorsqu’il s’agit de quelqu’un qui nous est proche, famille ou amis, de tolérer peu ou prou le mal, de fermer plus ou moins les yeux à la limite l’excuser ou le justifier!
Nous pouvons penser à Gédéon à qui le Seigneur a demandé de détruire l’idolâtrie dans la maison de son père! ( Juges 6 /25 à 32 ).
Nous pourrions ajouter ACAN qui n’ayant pas jugé ses actions condamnables, obligera Dieu à le sanctionner d’une terrible manière. Regardez comment il entraînera, même, toute sa
famille dans la mort ! (Josué ch 7 ) .
Et que dire de SAMSON qui pour n’avoir pas jugé ses continuels mauvais penchants, perdra finalement et la présence de Dieu et la vue et la vie ?! ( Juges ch 13 à 16 ) .
Et que dire de SALOMON qui pour n’avoir pas jugé a approuvé les idôlatries de ses nombreuses femmes étrangères? Il verra Dieu se dresser contre lui, lui susciter des ennemis qu’il n’avait pratiquement jamais eus dans sa vie, lui déchirer son royaume pour le donner à son serviteur ! ( 1 Rois ch 11 ).
Et que dire de David pour son rôle dans cette terrible affaire de meurtre, avec la complicité de Joab (2 Samuel chap 11 ), afin d’éliminer Urie le Hétien pour lui prendre sa femme!
Il cachera, pendant un certain temps, son double péché !
Temps pendant lequel il recueillera Bath-Shéba, la prendra pour femme dont il aura un fils !
Ce n’est que lorsque Dieu lui enverra son prophète Nathan qui le menacera de tout dévoiler et lui annoncera tous les malheurs qui allaient venir sur lui et sur sa maison, qu’alors il confessera son péché et ainsi sauvera sa vie (v14).
Il n’évitera pas pour autant les conséquences de son péché….
Ce fils, produit du crime et de l’adultère mourra !
Ne confondons jamais péché et conséquences du péché !
Bien souvent ni l’aveu, ni la confession du péché n’empêcherons pour autant la réalisation de bien de ses effets…!
Et nous pourrions ajouter bien d’autres exemples….mais déjà avec ceux cités, on peut penser, entre autres à cette pensée de Paul: “si nous nous jugions nous mêmes nous ne serions pas jugés par le Seigneur” ( 1 Corinthiens 11/31 ) .
Ainsi, après ces exemples qui concernaient des individualités, voyons des exemples concernant des collectivités, des groupes, des assemblées, des églises, laxistes dans le domaine du jugement .
On remarque que très vite cette tendance au laxisme face au mal fait son apparition dans les églises et aujourd’hui. Est-ce que certaines désobéissances, certains péchés ne seraient plus considérés comme tels ?
Pourtant , le Seigneur avait été clair pour l’église. A ce sujet on se rappèle l’exemple d’Ananias et de Saphira ! (Actes 5 /1 à 11 ).
Il est vrai que dans cet exemple l’église n’était pas au courant du mensonge, c’est pourquoi le Seigneur a dù trancher de manière radicale le péché commis!
Après que Paul ait implanté l’église de Corinthe, nous remarquons que cette église a vite sombré dans le laxisme, une église qui tolérait la division (quatre clans s’opposaient entre eux) (1 Corinthiens 1 /12 ) qui ne jugeait pas l’orgueil de certains, ( 1 Corinthiens 4 /18 à 21 ), c’est pourquoi d’ailleurs Paul menaçait de le faire. Une église où régnait l’impudicité non condamnée. ( 1 Corinthiens ch 5 ).
Paul est « étonné » de cette attitude face au mal, mal qu’il va juger sans aucune ambiguïté ! (1 Corinthiens 5/2 à 5 ).
Et que dire du comportement de bien de ces chrétiens face à la Sainte Cène ? (ch 11 v17à 22 ) Paul de rappeler que le mal n’ayant pas été jugé, Dieu a été obligé de le faire, et de quelle manière ! (infirmités , maladies et mortalités ).( 1 Corinthiens 11 /30 ).
Pour terminer, je parlerai, aussi, de certaines églises d’Asie dont nous parle Jean.
Eglises jugées par le Seigneur: l’église de Pergame qui tolérait des gens attachés à la doctrine de Balaam et à celle des Nicolaïtes (Apocalypse 2 /14 et 15 ).
Celle de Thyatire qui laissait « Jézabel » enseigner et séduire les serviteurs, (v 20 et21 ).
Celle de Laodicée qui refusait de voir l’état réel dans lequel elle était et donc de se juger. De ce fait elle était sur le point d’être vomie de la bouche du Seigneur ! ( Apocalypse 3/16 ).
Devant tous ces exemples plus que pédagogiques et éminemment spirituels chacun de nous individuellement, et chaque église collectivement, sont appelés à juger selon la balance de Dieu. Juger selon les critères divins le mal sous toutes ses formes et toutes désobéissances, sans laxisme ni tolérance.
Ne prenons jamais pour de l’amour (selon Dieu ), le fait de fermer les yeux devant le mal, de le tolérer, de l’accepter par « pure bonté d’âme » !