Le ministère des Droits humains et de la Promotion civique a organisé, les 9 et 10 septembre 2020 à Manga, une rencontre de concertation sur le droit d’accès des femmes à la terre. L’objectif principal était de susciter, entre les différents participants, des échanges constructifs sur la problématique.
Le Ministère des Droits humains et de la Promotion civique (MDHPC) est soucieux des difficultés éprouvées par les femmes pour un accès sécurisé à la terre. En vue de trouver des solutions au problème, il a initié, avec l’appui de l’Etat du Danemark, une rencontre de concertation, les 9 et 10 septembre 2020 à Manga. La session a réuni une vingtaine de participants issus de différents ministères, du milieu associatif et d’organisations non-gouvernementales.
Durant les deux jours de la rencontre, ils ont passé en revue la situation nationale des femmes en matière d’accès à la terre et la législation relative à leur droit au foncier. Ils ont également réfléchi à des solutions adéquates à la question de l’inégal accès à la terre lié au genre.
La ministre en charge des droits humains, Maminata Ouattara, a rappelé que le droit d’accès des femmes à la terre est un droit économique qui permet aux femmes d’être possesseures de titre foncier au même titre que les hommes. Ce droit implique à la fois, a-t-elle ajouté, l’accès et le contrôle de la terre et est consacré dans la législation nationale à travers plusieurs textes tels que la Constitution et le Code des personnes et de la famille. Toutefois, du fait du poids des coutumes et traditions, les femmes sont encore victimes de discrimination en la matière, a déploré Maminata Ouattara. « Il existe un hiatus entre l’égal accès aux terres tel que prôné par les textes et la réalité sur le terrain, en témoignent les discriminations dont sont victimes les femmes, en matière d’héritage, d’acquisition ou d’exploitation des terres », a-t-elle soutenu.
Un impératif
Pour la ministre, l’accès sécurisé des femmes à la terre est cependant plus qu’un défi. « C’est un impératif pour le développement durable », a-t-elle dit. S’appuyant en effet sur des résultats d’étude réalisée en 2019, la cheffe du département en charge des droits humains a confié que dans le secteur agricole qui occupe 70% de la population active, travaillent 83% des femmes assurant 75% de la production alimentaire et ce, malgré leur accès limité à la terre et aux ressources productives. « Il est donc urgent que des mesures idoines soient prises pour rétablir un équilibre entre leur capacité productive et leur espace de production », a insisté Maminata Ouattara.
Elle s’est réjouie d’ailleurs de la tenue de la rencontre de Manga qui a permis de susciter entre les différents acteurs au niveau national, des échanges constructifs sur la problématique. A l’écouter, les pistes de solutions proposées vont servir de base de réflexion à un projet d’élaboration de mécanisme de médiation de différends concernant l’égalité des droits des femmes en matière de succession et d’accès à la terre, tel que recommandé par le Royaume de Danemark au Burkina Faso, lors de son passage à l’Examen Périodique Universel (EPU) en 2018. « Ce mécanisme devra venir en complément au système judiciaire classique », a également précisé la ministre qui, du reste, a nourri l’espoir qu’il contribue activement à inverser la tendance actuelle en matière des droits des femmes au foncier.
Pour les participants à la rencontre, la tribune de Manga a été riche en enseignements sur la problématique de l’accès des femmes à la terre. Tout comme la ministre, ils ont relevé que l’élimination des barrières notamment la méconnaissance des textes juridiques y relatifs va permettre aux femmes de jouir pleinement de leur droit et par ricochet participer davantage au développement économique du pays.
Le représentant de la direction régionale en charge de l’environnement du Centre-Sud, le capitaine Daniel Kabré, contrôleur major des Eaux et forêt, a personnellement appelé à un engagement de tous au profit des femmes dans le combat de l’accès sécurisé à la terre. « Sans les femmes aujourd’hui on ne peut pas parler de développement, donc nous avons le devoir de les aider à jouir de leur droit foncier pour qu’en retour elles nous aident à nous développer », s’est-il exclamé.
Mamady ZANGO
Source: www.sidwaya.info