Le ministère de la Santé et de l’hygiène publique (MSHP) tient ce jeudi 13 avril 2023, son seizième Conseil national pour la nutrition (CNaN). Au cours de cette journée, il sera question pour les acteurs de faire le point des progrès réalisés dans l’atteinte des objectifs visant l’amélioration de l’état nutritionnel des Burkinabè et la prévention de toutes les formes de malnutrition maternelle et infantile. La cérémonie a été présidée par la secrétaire générale du MSHP, Estelle Dabiré, représentant le ministre Robert Lucien Jean Claude Kargougou. Le thème retenu pour cette session est : « Situation nutritionnelle au Burkina Faso : état des lieux et perspectives ».
La malnutrition au Burkina Faso est un phénomène qui a la peau dure et chaque année, l’Etat et ses Partenaires techniques et financiers (PTF) déploient des mesures drastiques pour réduire considérablement ses effets. A ce propos, d’énormes progrès ont été enregistrés parmi lesquels on peut citer : l’adoption par le gouvernement de la politique nationale multisectorielle de nutrition (2020-2029) et de son plan stratégique en juin 2020, qui constitue le référentiel national pour la nutrition ; la création de la ligne budgétaire nutrition au ministère de la Santé pour la contribution à l’achat des intrants thérapeutiques pour le traitement des enfants souffrant d’une malnutrition aiguë ; l’adoption du décret sur le code de commercialisation des Substituts du lait maternel (SLM) en 2021 ; la mise en place de la plateforme nationale d’information pour la nutrition (PNIN) ; l’augmentation des dépenses publiques en faveur de la nutrition qui est passé de 1.11% en 2018 à 1.72% en 2021, etc.
- Les acteurs de ce Conseil national pour la nutrition ensemble sur la photo de famille
En dépit de ces acquis, force est de reconnaître qu’en termes d’atteinte des objectifs, le pays a encore du chemin à faire. Et comme si cela ne suffisait pas, la situation sécuritaire avec son corollaire de Personnes déplacées internes (PDI) vient réduire à la portion congrue les efforts fournis par les acteurs pour remettre le pays en selle. « En effet, selon une analyse dans les zones à fort défi sécuritaire, près de 400 000 enfants de 6 à 59 mois sont menacées de malnutrition aiguë en août 2022 et juillet 2023. Quant aux résultats du cadre harmonisé en lien avec la sécurité alimentaire, il révèle que deux millions de personnes ont besoin d’assistance immédiate entre mars et mai 2023 », a relevé la secrétaire générale du MSHP, Estelle Dabiré.
En réponse à cette situation désagréable, le concept « nutrition en situation d’urgence » et le plan de réponse et de soutien aux populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition 2023 ont été amorcés et ce, pour un coût global de 218 milliards de FCFA. Par ailleurs, « un plan de réponse humanitaire d’un coût global de 335 milliards a été mis en place par le gouvernement de la transition. Il prévoit en l’un de ses objectifs spécifiques, d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle d’au moins 3,5 millions de PDI », a renchéri Estelle Dabiré.
- “En 2022, le gouvernement a alloué 125,67 milliards FCFA sur la période 2019-2021 soit 1,72% du budget national. Ces chiffres restent en deçà de l’engagement du gouvernement pris en 2021 qui est d’allouer 3% du budget de l’Etat à la nutrition” Estelle Dabiré
Pour l’heure, le défi reste le même : venir à bout de la malnutrition. Et pour l’atteinte de ces objectifs, plusieurs perspectives sont envisagées par les PTF qui s’engagent, à travers une batterie de mesures, à faire face au phénomène. Selon Sandra Lattouf, représentante de l’UNICEF au Burkina, on note parmi ces perspectives « la mobilisation des ressources ; l’appui à la coordination et l’accompagnement à la mise en œuvre du plan stratégique multisectoriel de nutrition ; l’amélioration de la couverture des interventions spécifiques et sensibles de nutrition en optimisant et renforçant les approches intégrés ; le renforcement de l’approche communautaire pour faciliter l’accès à un paquet de services intégrés dans les zones à fort défi sécuritaire ; la mise à échelle de la réponse nutritionnelle à l’urgence avec le développement des approches simplifiées et la prévention ; l’appui synergique de cinq agences des nations-unies dans la mise en œuvre du programme conjoint pour la prévention du retard de croissance, etc. »
- « Je réitère, au nom des partenaires techniques et financiers de la nutrition, notre engagement à poursuivre l’accompagnement du gouvernement du Burkina Faso dans l’amélioration de l’état nutritionnel des populations » Sandra Lattouf
Cette cérémonie fut l’occasion pour le champion national en nutrition au Burkina Faso, le Larlé Naaba Tigré, de saluer les efforts immenses du gouvernement dans la lutte contre la malnutrition et la faim et d’inviter les uns et les autres à une conjugaison des efforts pour sauver tous ceux qui, jusque-là, souffrent dans leur chair du fait de la malnutrition. « Depuis des décennies, je m’engage davantage à travailler pour que dans les années à venir on puisse être à l’abri de la faim. Mais cela ne dépend pas que du champion national. Il faut une synergie d’actions de l’Etat, des PTF et des leaders du domaine de l’agriculture », dit-il.
- « Il est bon que les Burkinabè aient des conseils auprès des nutritionnistes pour éviter certaines maladies telles que la tension, l’hypertension artérielle, le cancer, le diabète qui pour la plupart sont dus à notre alimentation » Larlé Naaba Tigré