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Burkina/santé : l’assurance maladie universelle désormais opérationnelle

Le ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale réunit les conditions pour une meilleure prise en charge sanitaire des travailleurs. Dans cette optique, en collaboration avec la Caisse nationale d’assurance maladie universelle (CNAMU), le ministère a animé une conférence de presse dans la matinée du mardi 29 octobre 2024 à Ouagadougou sur l’opérationnalisation du Régime d’assurance maladie universelle (RAMU) au Burkina Faso.

Instaurée par la Loi n° 060-2015/CNT du 5 septembre 2015, le Régime d’assurance maladie universelle au Burkina Faso (RAMU) vise à offrir une couverture santé à toute la population du Burkina Faso, sans distinction de race, de nationalité, de sexe, d’origine ou d’antécédent pathologique.

L’objectif du RAMU est de réduire le taux de paiement direct des prestations de soins de santé par les ménages, contribuer à la transformation et à l’efficience du système de santé et d’assurer une paix durable par la justice sociale. Ce régime repose sur les principes de solidarité, d’équité, de non-discrimination, de mutualisation des risques, d’efficience et de responsabilité générale de l’Etat. Il prend en compte les soins de santé de base, y compris les consultations médicales, les médicaments, les hospitalisations, et les soins de maternité.

Les ministres de la Santé et de la Protection sociale avaient à leurs côtés des cadres du CNAMU

Un ticket modérateur de 30%

Afin d’éclairer la lanterne des Burkinabè sur l’état de mise en œuvre du RAMU et les taux de cotisations prévus, les ministres en charge de la protection sociale, Bassolma Bazié et de la santé, Dr Robert Kargougou, ont animé un point de presse, ce mardi 29 octobre au siège de la Caise nationale d’assurance maladie universelle (CNAMU).

Selon le ministre Bassolma Bazié, six décrets prioritaires et deux arrêtés d’applications de ces décrets ont été adoptés, à ce jour. Il a indiqué que les assurés doivent payer un ticket modérateur de 30% afin de bénéficier des prestations du RAMU. Parmi les prestations éligibles figurent, les actes de médecine générale et de spécialités médicales et chirurgicales, les actes infirmiers, les actes et les soins relatifs au suivi de la grossesse, à l’accouchement et aux suites de couches, les actes et les soins liés à l’hospitalisation et aux interventions chirurgicales, les soins bucco-dentaires d’urgence, les examens de biologie médicale, les actes de radiologie et d’imagerie médicale, les produits de santé en ambulatoire et en hospitalisation, les actes de rééducation fonctionnelle et de kinésithérapie, le transport médicalisé des malades vers les établissements de santé, les actes de consultation en médecine traditionnelle agréée.

Bassolma Bazié a listé les prestations éligibles par le RAMU

Prestations non éligibles

Certaines prestations sont exclues du panier de soins, notamment les interventions de chirurgie plastique et esthétique, sauf celles de chirurgie réparatrice et d’orthopédie maxillo-faciale médicalement requises, les prestations de santé relevant de la médecine dite douce (acupuncture, etc.), les examens complémentaires réalisés en dehors du territoire national, les activités du programme élargi de vaccination, la lunetterie, et les vaccins pour les voyageurs.

Une cotisation de trois mois avant de bénéficier des prestations

Soumaila Gamsoré, directeur général de la CNAMU, a indiqué que le délai de stage, c’est-à-dire le délai légal entre le début du paiement des cotisations et le début du bénéfice des prestations par l’assuré, sera de trois mois, contre six mois dans certains pays.

Il a aussi évoqué des mesures incitatives prises par certains pays pour amener les populations à s’affilier au Régime d’assurance maladie universelle. « Il y a des pays où si vous n’êtes pas affiliés au RAMU, vous ne pourrez pas bénéficier de certaines prestations de la part de l’État, comme passer l’examen du permis de conduire. Nous sommes en train de travailler sur certaines mesures mais je ne voudrais pas devancer l’iguane dans l’eau », a laissé entendre Soumaila Gamsoré. A l’en croire, la norme de l’Organisation mondiale de la santé prévoit que le taux des paiements directs des ménages aux soins de santé n’excède pas 20%, alors qu’au Burkina, il avoisine 35%.

Selon toujours le directeur général de la CNAMU, des appareils seront installés au niveau des hôpitaux pour identifier les patients à leur arrivée et vérifier la validité de leurs cotisations. « Nous avons également une équipe de contrôle médical qui va vérifier les différentes ordonnances à leur niveau », a indiqué Soumaila Gamsoré. Il a confié que sa structure collabore avec les informaticiens du ministère de la Santé sur le processus de digitalisation de certaines prestations.

Soumaïla Gamsoré, directeur général de la Caisse nationale d’Assurance maladie universelle

Pour plus de transparence

Dr Robert Kargougou, ministre en charge de la santé, a indiqué que le panier des soins de la CNAMU au Burkina est un panier très volontariste et ouvert, contrairement à d’autres pays où le régime d’assurance maladie universelle couvre seulement quelques prestations.

A en croire Dr Kargougou, certains Burkinabè ne comprennent pas pourquoi le RAMU est géré par le ministère en charge de la protection sociale, plutôt que par le ministère de la Santé. Selon lui, cela permet de renforcer le contrôle et de garantir la transparence et l’efficacité du régime.

« Au niveau du ministère en charge de la protection sociale, il y a des médecins-conseils, des corps qui ont été mis en place pour contrôler ce que ceux qui offrent les prestations de soins vont déclarer. Si le ministère de la Santé en tant qu’offre de soins, doit encore contrôler l’effectivité de la prestation, on peut avoir des risques où on ne déclare pas ce qui doit l’être. C’est bien dans le cadre de la séparation des fonctions que la Caisse ait son ancrage institutionnel dans un autre département autre que celui de la Santé », a-t-il expliqué.

Le ministre de la Santé, Dr Robert Kargougou, a indiqué que le panier des soins couverts par le RAMU est large contrairement à ce que proposent d’autres pays

Pour le ministre Bassolma Bazié, l’Etat doit être ferme dans la gestion des ressources qui seront récoltées pour assurer la santé au peuple burkinabè. « Il n’y a pas de raison que quelqu’un cotise et arrive trouver qu’il n’y a pas de prise en charge. Nous allons être exigeants là-dessus. Cette exigence ne peut être continuelle que si l’Etat est accompagné, d’où la veille citoyenne qui doit être permanente. Nous sommes en train de réfléchir pour mettre en place des bureaux d’enregistrement des plaintes et dénonciations, et aussi des numéros anonymes », a rappelé Bassolma Bazié, qui précise que le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a instruit d’inscrire 30 milliards de francs CFA pour le RAMU en 2025.

Perspectives

Le ministre en charge de la protection sociale a indiqué que le RAMU ambitionne de couvrir l’ensemble de la population de façon progressive. Pour ce faire, une feuille de route a été élaborée avec actions de vulgarisation des textes du RAMU à travers des sessions d’information et de sensibilisation des assujettis, la formation des agents de santé sur les outils de gestion ; la mise en place de dispositifs d’affiliation et d’immatriculation, la mise en place de dispositif de collecte des cotisations et la poursuite de l’adoption de 9 autres textes d’applications sur les 17 prévus, la poursuite des concertations avec l’ensemble des acteurs, et la poursuite de la digitalisation des actes et des procédures.

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